Au regard de l’ampleur des efforts à fournir dans le cadre de la lutte contre le dérèglement climatique, la Première ministre Élisabeth Borne a mandaté France Stratégie afin d’évaluer son impact sur l’économie française.
Ainsi, le 22 mai a été remis à la Première Ministre le rapport de Jean Pisani-Ferry et de Selma Mahfou. Celui-ci vise à améliorer la compréhension des impacts macroéconomiques de la transition climatique dans le but d’une prise de décision plus éclairée.
Cette analyse s’inscrit dans une démarche plus vaste visant à comprendre les enjeux macroéconomiques en matière de transition écologique. Particulièrement, il met en avant la nécessité d’avoir une vision non pas locale, régionale, nationale ou européenne mais bien planétaire pour répondre au dérèglement climatique.
Il souligne par ailleurs que l’inaction climatique a un coût plus important que l’action et invite donc à une réponse plus forte.
Pour l’économiste et l’inspectrice générale des finances, la réduction de l’empreinte carbone et la croissance économique ne doivent néanmoins pas être opposés mais peuvent utilement s’additionner afin d’atteindre les objectifs climatiques fixés par la France.
À cet égard, ils évoquent trois leviers économiques à activer afin de faire « en dix ans ce que nous avons eu de la peine à faire en trente ans » :
Renforcement la sobriété énergétique, définie comme la réduction des consommations d’énergie qui ne découle pas de gains d’efficacité énergétique. Selon les spécialistes, elle pourrait contribuer à hauteur d’environ 15 % à l’effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 ;
Réorientation du progrès technique vers des technologies vertes ;
Substitution du capital aux énergies fossiles, défini comme l’ensemble des investissements en capital permettant de remplacer les combustibles fossiles. Les auteurs du rapport estiment que 85 % de l’effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 sera réalisé grâce à ces investissements. Ces derniers devront être de 67 milliards d’euros par an.
Le rapport souligne en outre l’incontournable contribution de l’État. En effet, dans le cadre de cette transformation, est pronostiquée une baisse temporaire des recettes liées au ralentissement de la croissance, en raison notamment du moindre recours aux énergies fossiles sur lesquelles pèse une fiscalité élevée. Par voie de conséquence, le passage aux énergies non fossiles aura un coût pour l’État, sous la forme d’un manque à gagner. Le risque sur la dette publique serait de l’ordre de 10 points de PIB en 2030, 15 points en 2035, 25 points en 2040, en supposant que la baisse des recettes assises sur l’énergie est compensée.
Aussi le rapport prévoit un recours massif à l’endettement et l’imposition des plus aisés. D’autres solutions ont néanmoins été proposées comme la création monétaire.
Plusieurs rapports thématiques sont en outre disponibles sur le site de l’agence France Stratégie, à l’instar de ceux sur la sobriété, la productivité, la compétitivité, les marchés du travail et du capital.