Organisée par le Gouvernement Français et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la première édition du Forum Mondial Bâtiments et Climat a eu lieu le 7 et 8 mars à Paris. Rassemblant plus de 1400 participants de 70 nationalités, le forum portait sur la décarbonation et la résilience climatique des bâtiments.
Lancée à l’issue de la COP 28 à Dubaï en 2023, cette initiative a pour but de faire dès 2030 des bâtiments résilients et aux émissions quasi nulles la nouvelle norme.
37% d’émissions de GES : un secteur particulièrement polluant
Dans le cadre du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), le 7 mars était publié le Rapport sur l’état mondial des bâtiments et de la construction. Il rappelle l’urgence de la situation.
Le secteur de la construction représente 7 % des emplois de la planète, 13 % du PIB mondial et 37 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) en 2022, soit un peu moins de 10 gigatonnes. Les constructions utilisent 17 % des plastiques. Par ailleurs, les infrastructures sont directement impactées par le dérèglement climatique, qui coûtent 732 milliards d’euros chaque année selon Natalia Alonso Canon, responsable du bureau régional pour l’Europe et l’Asie au sein du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe.
Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, le secteur doit diminuer son intensité énergétique de 37% d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2015. Toutefois en 2022, la diminution n’était que de 3,5% alors qu’il faudrait réduire à un rythme de 5 à 10% par an. En outre, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale des énergies des bâtiments n’est que de 6% en 2020, loin de l’objectif des 18% à atteindre en 2030.
Le secteur a donc tout intérêt a évoluer en profondeur et faire preuve de résilience.
L’objectif de ce rendez-vous au sommet est ainsi tout établi : réduire significativement l’impact en ayant recours à des matériaux biosourcés, des énergies renouvelables, en réduisant la consommation d’espaces, en renforçant les économies d’énergie et la sobriété énergétique.
Adoption de la Déclaration de Chaillot
Elle a abouti à l’adoption de la Déclaration de Chaillot qui vise à définir un cadre de collaboration international pour la décarbonation de la construction.
Texte fondateur, il doit permettre des avancées vers une transition rapide juste et efficace du secteur. Elle représente une avancée décisive dans la mise en œuvre opérationnelle de l’Accord de Paris. Elle doit permettre d’engager toute la chaîne de valeur de l’économie dans la transition.
Les 70 États signataires s’engagent ainsi à :
- Mettre en œuvre des feuilles de route, des cadres réglementaires et des codes de la construction et de l’énergie contraignants afin de tendre vers des bâtiments plus neutres en carbone ;
- Mettre en œuvre un cadre financier adapté avec des incitations financières, fiscales et des outils réglementaires afin d’augmenter la part des bâtiments résilients, quasi nuls en émissions de gaz à effets de serre, et accessibles ;
- Promouvoir l’adoption de labels, de standards et de certifications ;
- Montrer l’exemple en adoptant des politiques ambitieuses en matière de marchés publics ;
- Promouvoir la production, le développement et l’utilisation de matériaux de construction faibles en carbone, durables et à coûts limités ;
- Promouvoir les chaînes de valeurs collaboratives et la recherche & développement de solutions innovantes ;
- Améliorer les compétences en renforçant notamment le savoir-faire local prenant en compte les stratégies d’atténuation et d’adaptation ;
- Développer une gouvernance à plusieurs niveaux, une coordination entre les différentes parties prenantes et une approche plus participative afin de garantir une coordination de la mise en œuvre ;
- Et développer des outils et des cadres réglementaires afin de collecter et partager les données et les bonnes pratiques.
Renforcer la réglementation par l’adoption de Codes de l’énergie
La réglementation doit être adaptée afin d’encadrer la croissance de la surface au sol. De nombreux pays à faible revenus ne disposent pas de code de la construction. Or, selon le PNUE l’adoption de codes de l’énergie permet de réduire l’intensité énergétique par mètre carré. L’alliance mondiale pour les bâtiments et la construction (Global ABC) a donc parmi ses axes prioritaires l’adoption de bonnes pratiques au niveau mondial.
La création d’un « Conseil intergouvernemental pour les Bâtiments et le Climat », facilitée par la GlobalABC, symbolise la volonté de suivre et d’assurer la mise en œuvre effective des engagements pris.
À l’évidence, la lutte contre le dérèglement climatique passe par un changement majeur dans le secteur du bâtiment et de la construction.